Avida Ripolin
Extrait du catalogue de l’exposition
« Abstractions Géométriques » – 1986
Il y a des œuvres qui ne peuvent vraiment pas être appelées des objets. Elles sont de si parfaits miroirs, le sujet y est si présent, si accroché, il ne réussit pas à lâcher sa création, tant la maternité est forte, la membrane sensible. Le sujet se met dans tout, il est partout, il déborde, il se projette, envahit tout, à la manière de l’aliment blanc de Robert Malaval.
Les œuvres de François Decq, elles, peuvent être appelées des objets.
Par un acte paisible, il détache de lui-même des objets vraiment choses. En réel sujet, il s’extorque, selon les apparences, de réels solides objectifs. Il fonde légitimement, hors de lui-même, un complément d’objet qui l’assure d’être un vrai sujet. A distance suffisante.
Sans fioritures, sans grands mouvements. Paisiblement, lumineusement, comme sont, stables et cohérentes, les « machines » de François Decq.
Pour parler de ses œuvres, il faut sans cesse passer du temps présent au temps futur. Ses objets sont des mutants, entre le corps immortel, synthétique, et les futurs états de conscience, translucides et impalpables comme des lasers.
Ils ne renvoient qu’à leur propre forme et densité, pour la joie d’être une « réalisation », obéissant à des lois et leur échappant, chacun avec son accomplissement personnel. Ils sont des objets chargés, des objets fétiches de l’an 3000, n’actualisant pas la mort ni l’envoûtement, mais l’envol et l’échappement.
Avida Ripolin – 1986